memoire

Rappel toutes les citations entre guillemets sont extraites d'oeuvres dont les rfrences portes en annotation, pour je ne sais quelle raison ont disparu au cours du changement de format de Mac Pc. Si vous voulez une rfrence exacte vous pouvez me la demandez en me mailant.

Introduction :

 

 

Vladimir Janklvitch est mort depuis dix ans dj. Pourtant sa pense nous donne encore rflchir. C’est sans doute parce que sa rflexion nous emmne vers des horizons lointains et des vrits ternelles. C’est sans doute aussi parce qu’il a toujours fuit une systmatisation qui l’effrayait1.

Sa philosophie engage son lecteur dans une ncessaire double prise de conscience. Celle-ci ne se fait pas abstraitement mais par le traitement de petites interrogations quotidiennes. Citons par exemple : "Doit-on toujours dire la vrit au malade ?" dont on peut penser qu’elle renvoie une ide morale qui est la suivante : "La vrit est-elle toujours aussi bonne qu’elle est vraie ?".

Janklvitch nous force nous mettre, si l’on dcide de lire son oeuvre, devant des situations humaines, dont on aurait tendance croire qu’elles ne concernent pas la philosophie et encore moins la morale. Mais nous nous rendrons compte de l’troite parent qui lie ces deux dernires.

Janklvitch nous indique aussi l’urgence avec laquelle nous nous devons de rpondre aux questions que nous rencontrons sur notre route. Sur ce chemin, qui chemine et qui nat sous nos pas comme sous ceux d’Ulysse. L’Odysse sera l’aide allgorique, avec laquelle nous essayerons de comprendre certaines des ides de Janklvitch. D’ailleurs Janklvitch, dans ses cours radiodiffuss, ou dans ses livres, y fait de nombreuses allusions.

Cette urgence ne doit nous sembler ni catastrophique ni dsastreuse et, Janklvitch nous fera sentir quel point, celle-ci, est en quelque sorte, le signe de notre dignit. Car, sans cet pe de Damocls de l’instant mortel, qui tombera un jour, mais on ne sait pas lequel, nous pourrions nous demander si seulement nous nous intresserions les uns aux autres, si nous nous organiserions en socit, et mme si nous ne reporterions pas plus tard, ce que nous avons faire. A ce titre, il serait intressant de savoir dans quelle mesure les dieux immortels n’ont pas besoin des humains pour les faire vivre ? Mais Janklvitch soulve d’autres problmes.

Ne touche-t-il pas un problme crucial de notre vie morale lorsqu’il se demande s’il "faut dire la vrit au malade ?". Ces cas de conscience, dont nous parlions plus haut deviennent, comme pour Socrate, chez lequel les cas particuliers taient occasions d’interrogations sur les principes directeurs des interlocuteurs, de vritables occasions de nous rappeler ce que peuvent tre les principes humains de nos actions. A savoir la sincrit, la fidlit, l’amiti, le courage. Bref, il nous fait nous interroger sur les sentiments les plus humains que nous puissions prouver et sans lesquels notre vie ne serait peut-tre pas aussi bien. Il va nous montrer leur pouvoir. Et avec lui nous allons nous tonner et nous plonger dans les ddales de nos lans moraux.

Janklvitch nous tonnera aussi par la simplicit des mots avec lesquelles il essayera de nous faire ressentir l’existence d’un petit quelque chose, que l’on pourrait presque connatre, mais qui est tout entier mystre. Celui-ci sera la limite de notre connaissance. Avec lui, impossible d’approfondir quoique ce soit. Il est ou il n’est pas. En l’occurence Janklvitch nous montrera quel point le mystre nous enveloppe, pour peut-tre russir nous charmer. Comme Socrate, il va nous montrer cette ncessit de philosopher afin de s’tonner de ce qui est le moins tonnant. Mais Janklvitch et Socrate se spareront par les moyens qu’ils prconisent pour nous faire atteindre la vrit. De mme leur vision de la vrit diffre. Pour Janklvitch le rapport que cette dernire entretient avec l’homme deviendra extrmement important lorsqu’il s’agira de prtendre la possder.

Nous serons invits ensuite dbuter notre voyage vers cette vrit, que nous voulons connatre. D’abord il nous faudra savoir ce que l’exprience de la vrit nous apporte. Se demander ce qu’elle implique pour l’homme. Et notamment nous nous demanderons de quelle manire, la vrit peut, par nous, se faire clairante. Nous analyserons le statut de la parole pour nous rendre compte de la difficult d’interprter ce qui nous est donn par l’autre. Nous serons alors renvoys une autre sorte de comprhension qui prendra en note la ncessit de l’intention et de l’humour, dont les corollaires seront respectivement l’innocence et le srieux.

Pourtant le pouvoir d’tre tromp demeurera. A qui la faute incombera-t-elle alors ? N’est-ce pas la faute de celui qui reoit, plus mme que de celui qui dlivre le message ? Nous nous rendrons compte, combien les malentendus sont dpendants, tout comme nous, du temps qu’il faut pour les dire et, pour les comprendre comme des erreurs d’apprciations. Mais envers et contre tout, sera affirm la possibilit de faire corps avec la vrit. Et si la vrit n’tait pas le fruit d’un systme mais d’une disposition intrieure ? C’est ce que l’ide de l’occasion nous suggrera. Bref, la vrit existe mme si il nous arrive d’tre tromp son sujet. Alors si son existence est dmontre, peut-tre pourrons nous savoir quoi elle ressemble et connatre son essence.

Tirant les consquences de l’ide d’une non-systmatisation possible de la vrit, nous nous rendrons compte de son statut qui se situe hors de toute logique. Toutefois, des restrictions seront faire, quand il s’agira de savoir de quelle sorte de vrit il faudra parler. Deux notions, le "grammatique" et le "pneumatique", agiront comme un avertissement afin de ne pas nous laisser emporter dans des interprtations errones. Mais cette vrit, puisqu’elle n’est pas aussi aise dcouvrir, est-elle vraiment ncessaire ? Elle l’est effectivement. Sans elle, la philosophie n’aurait aucune raison d’tre. Aprs cette interrogation nous reprendrons notre chemin, pour nous pencher sur les caractristiques propres la vrit. Enfin, nous nous demanderons d’o peuvent-elles provenir et, la rponse que nous ferons alors, nous semblera peut-tre des plus tonnantes.

Mais que faire avec cette vrit ou plutt avec cette survrit, dcouverte en dernire instance et, qui donne la vrit aux vrits. Une vrit qui resterait lettre morte est-elle encore vraie ? Nous reprendrons l’tude du dire en le confrontant dsormais avec l’esprit de la vrit, pour nous faire voir ce quoi cet esprit engage. Nous essaierons pour cela de comprendre la nature de tout ce qui est dj fait. Nous essaierons de nous demander pourquoi cela existe-t-il et, qu’est-ce que cela implique pour nous. Nous dcouvrirons alors l’absolue ncessit de faire. Et de mme que la vrit est au-del de toute logique, contre toute raison, nous n’aurons jamais fini de faire. Mais notre conscience est l qui guette le moment de se reposer de son avoir-fait. Elle comporte des raisons qu’il nous faudra faire faiblir. Aprs ces ultimes recommandations nous n’aurons plus nous-mmes qu’ nous jeter dans les bras de l’action de toute notre me, pour qu’advienne par nous l’immense survrit, qui donne raison tout : l’Amour.